Les anges sont vaniteux – chapitre 200

Dimanche 12 juillet

Ça y est, je peux dire : « je n’ai plus 30 ans ».

Je n’ai pas beaucoup de temps pour écrire parce que nous allons bruncher au Manoir Montmorency avec Brigitte et Pascal. Mais je veux quand même prendre quelques minutes pour clore ce chapitre de ma vie. Quand j’aurai fini, je jetterai mon stylo !

J’espère qu’Anne gardera l’ordinateur encore un peu. Sa grand-mère voudra certainement qu’elle reprenne l’écriture de son journal avant longtemps.

Je repense à l’année qui vient de s’écouler et je trouve que ma vie a beaucoup changé. Mes enfants m’ont apporté un flot de maladies, de chicanes, de joies et de peines. Agathe a appris à lire, Lionel a terminé la maternelle, Raoul porte des lunettes. L’année prochaine, les trois iront à l’école primaire. L’année suivante, ils sauront lire et écrire. Ça sera la fin du cycle de la petite enfance.

Il faut entendre les trémolos dans la voix d’Anne.

James et moi sommes encore amoureux l’un de l’autre. Nous avons traversé des moments difficiles, mais nous en sommes sortis avec élégance. James travaille toujours beaucoup, mais on dirait qu’il tient plus à moi. En tout cas, il le montre davantage. De mon côté, j’ai appris à lui faire confiance et à appeler à l’aide quand je ne m’en sors pas. Ça, c’est nouveau.

Je consacre plus de temps à mes amis depuis qu’on a déménagé. D’abord, parce que mes enfants grandissent, ensuite parce que j’ai rencontré Dominique qui est une véritable âme sœur et enfin parce que nous habitons tout près de chez Brigitte. La pizza du vendredi soir est une tradition que les quatre enfants adorent. Le plus tôt possible, la famille de Brigitte et Pascal s’agrandira et grâce à cela, je recommencerai à fréquenter l’univers puant des couches.

J’ai planté mes racines dans ce village et je ne retournerais pas en ville pour tout l’or du monde.

Mon petit beau-frère a traversé sa terrible crise grâce à James et moi. Il est heureux maintenant et si ça me comble, je ne cache pas qu’il me manque beaucoup depuis qu’il est retourné en Gaspésie.

Oui, ma vie a bien changé. Moi, aussi j’ai changé. L’aventure des Sept ans de malheur pour la bande des faussaires m’a appris que je n’ai plus peur du vide. Je ne veux plus remplir mes journées avec tout et n’importe quoi, simplement pour farcir les petits espaces. J’ai enfin compris que même si je m’étais ennuyée dans mon enfance solitaire, j’avais réussi à faire de ma vie une aventure passionnante. Je n’ai plus besoin de fanfreluches.

Je n’aurais jamais réalisé tout ça si je n’avais pas eu le courage de me regarder en face. Avant que Peter s’installe chez nous, j’évitais l’introspection. Je détestais aborder les « vraies affaires » et ça m’empêchait de guérir des vieilles blessures. Je fuyais le dialogue. Il m’a fallu du cran pour parler à ma mère, mais je ne m’en féliciterai jamais assez. Je lui gardais rancune sans imaginer qu’elle ne souhaitait pas plus que moi que je sois fille unique. Notre conversation m’a fait réaliser que je n’avais pas été si malheureuse durant mon enfance. Je grattais un bobo qui ne piquait plus depuis longtemps.

Bien sûr, il me reste des choses à améliorer, mais pas beaucoup. Ma vie est loin d’être parfaite et c’est parfait comme ça !

Cette année, Anne a compris que l’action ne se traduisait pas toujours par le mouvement. Elle a encore beaucoup à apprendre, mais elle a tout le temps. On va faire ça ensemble.


8 réflexions sur “Les anges sont vaniteux – chapitre 200

  1. Merci Julie de nous avoir partagé la vie d’Anne dans ce roman. Que de travail! Tu es un exemple de ténacité, patience (pour trouver entr’autre toutes ces images!) et perséverence.
    Mille Bravos!!!
    Je te souhaite d’autres blogues tous aussi intéressants et surtout beaucoup de plaisir à le faire.
    Sois heureuse dans ton écriture. xx

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  2. Écrire – un journal, un roman ou n’importe quoi – c’est aussi avoir le courage de se regarder en face. Quand on arrive au bout – s’il a un bout – on n’est plus celui qui a commencé à écrire… On est différent! On peut dire avec Anne: « Bien sûr, il me reste des choses à améliorer, mais pas beaucoup. Ma vie est loin d’être parfaite et c’est parfait comme ça ! ».
    Et quand on lit une histoire tellement bien écrite, on se transforme aussi! Merci, ma chère amie!
    Une suggestion: dans trois ans, fais qu’Anne reprendre son journal! Qu’en penses-tu?

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    1. Tu connais toute la genèse de ce roman, commencé il y a très longtemps et qui se termine aujourd’hui. Merci pour tout ce que tu m’as apporté pendant ce temps ; tes encouragements, tes commentaires affectueux, tes suggestions, ton écoute patiente et surtout, ton amitié. Sans toi, mon frère, ma vie serait bien moins belle!
      Anne dans trois ans? Mouais. Ça serait pourtant drôle de la voir plus tard avec trois adolescents!

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      1. Pour l’amitié il n’y a pas des frontières, des distances ou d’obstacles linguistiques… Québec et Brésil sont voisins! 😊🌎

        Merci pour ton amitié! Grâce à toi ma vie est aussi plus belle et mon français n’est pas rouillé! 😄

        Bisous!

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