Mercredi 10 juin
Johanne était étonnée que je n’aie pas proposé de titre provisoire. Elle m’a imposé une échéance. Elle me connaît : si elle ne me tasse pas dans un coin, je ne lui en donnerai jamais. Elle a bien raison : j’ai plus la tête à Lumières qu’à mon roman. Je dois illustrer le prochain thème, « fraude et tricherie » qui, lui, m’inspire vraiment.
J’ai passé l’avant-midi à peiner sur ce fichu titre. Je me suis assise avec une tasse de café, un crayon et un bloc de papier. J’avais toujours eu envie de jouer l’écrivaine en lançant par terre des feuilles chiffonnées sur lesquelles j’aurais jeté des idées géniales. Tant qu’à faire un travail qui m’embête, autant en profiter pour satisfaire un fantasme.
En fait, ce n’est pas agréable du tout. Encore une fois, je réalise que ce que j’aime, c’est travailler avec mes mains. Si j’avais froissé les feuilles sans les noircir d’abord, là, ça m’aurait amusée. Mais avec le travail d’écriture, ce n’est plus drôle du tout.
J’ai eu beau tourner tout ça dans ma tête, je n’ai rien trouvé.
Appelle à l’aide.
En désespoir de cause, j’ai rédigé un petit résumé que j’ai envoyé à mes amis :
Mon roman raconte les aventures de sept frères et sœurs qui unissent leurs forces pour mettre des bâtons dans les roues d’un gang de trafiquants de fausses antiquités. Je dois maintenant lui trouver un titre. Est-ce que quelqu’un aurait un conseil pour remettre à flot le navire de mon inspiration qui semble échoué dans un désert d’idée ?
Apparemment, tout le monde est fou de joie de faire l’école buissonnière en pleine semaine.
La secrétaire de James, a proposé Les Do à Do mènent l’enquête, parce qu’il y a sept notes dans la gamme. Pascal a parlé de l’hydre, l’animal de la mythologie grecque à sept têtes. Si j’y avais pensé avant, j’aurais pu en mettre une représentation sur une des fausses urnes des bandits. Mais comme c’est là, ça ne colle pas. Brigitte a suggéré La brigade des chaussettes puisqu’on trouve « sept » en homonyme dans « chaussette ». Peter m’a écrit pour me dire que si on additionnait les faces opposées des dés, on arrivait toujours à sept. Tiens, je ne savais pas ça. Sa proposition : Échec aux faussaires et coup de dés.
Dominique, qui connaît mieux le sujet du roman parce que je déblatère dessus tous les jours dans mes courriels, m’a proposé de jouer sur le miroir brisé et les sept ans de malheurs. C’est une bonne idée puisque cet accessoire figure dans la liste des objets vendus par les faux antiquaires. Sept ans de malheur pour la bande des faussaires, ça me plaît.
Ça fait du bien une victoire facile de temps en temps.
J’aurais le même problème qui afflige Anne, alors mon titre provisoire serait: Roman Policier Version # 1.
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Le titre universel par excellence!!!
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