Vendredi 29 mai
J’ai l’impression d’avoir dormi un an. Je me suis levée en forme, avec les idées claires. On dirait que j’ai fait le grand ménage.
Non, c’est moi qui ai passé un coup de plumes.
La conversation d’hier m’a soulagée d’un poids énorme et j’ai décidé que je n’allais pas détruire ma relation avec papa alors que je viens juste de me rabibocher avec maman. J’ai tout de suite appelé à la maison. Papa était bouleversé par ce que maman lui avait raconté. Ça m’a fait de la peine de le sentir aussi fragile.
Il m’a demandé pardon. Je crois même qu’il a pleuré dans le combiné. Moi, en tout cas, j’ai pleuré. Nous nous sommes quittés en nous disant que nous nous aimions. Je suis tellement soulagée de connaître la vérité. Je me demande si mes fausses idées ne me faisaient pas plus souffrir que le fait d’être fille unique.
Je suis si fier de la réaction d’Anne. Cette nouvelle maturité augure un bel avenir.
Sitôt le combiné raccroché et mon compte-rendu fait à James, je suis descendue dans mon bureau et les mots se sont envolés. Quand les enfants sont rentrés pour dîner, j’avais fini mon premier jet. Oui, oui, fini ! Je pourrai mourir en disant que j’ai écrit un livre. Ouste l’écriture. Exit, circulez, y’a rien à voir. Je vais enfin recommencer à vivre. Bien sûr, je dois encore faire une relecture avant d’envoyer le tout à Johanne, mais je suis convaincue que la correction sera plus facile que la rédaction.
Euh… Comment dire… ?
« … la correction sera plus facile que la rédaction » – Pas forcément, ma chère! Parfois oui, souvent non!
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Laissons notre pauvre Anne se bercer d’illusions!
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