Vendredi 8 mai
Agathe vient de se lever en pleine forme avec l’estomac dans les talons. Moi aussi, je vais mieux. Même Argile semble remonter la pente. C’est presque « La ballade des gens heureux ».
Comme j’avais Raoul et Agathe avec moi hier, c’est mon retour au travail aujourd’hui. Je tremble d’impatience à l’idée de reprendre mon stylo…
Il faut entendre l’ironie dans la voix d’Anne.
Courage, demain, je pourrai de nouveau me mettre en congé. Je me rends compte que je n’ai pas du tout envie de travailler sur ce @#$ % ? &* de roman jeunesse.
Quel langage !
Je fais un blocage. Je n’arrive même pas à lui trouver un titre. Ça veut sûrement dire quelque chose. Tout me sert de prétexte pour ne pas écrire. Je déteste ce que ce contrat fait de moi.
Ça fait longtemps que je le dis : une vraie branleuse. Que t’arrive-t-il, ma belle amie? Où te caches-tu ?
Bon, ça ne sert à rien de gratter le bobo. De toute façon, vu l’heure, la journée est gâchée encore une fois. Il vaut mieux que je fasse quelque chose de plus constructif que de jouer l’adolescente asociale penchée sur son journal. Je vais bricoler pour la fête de Raoul.
Définition du bonheur : retourner dans mon atelier, sortir mon aquarelle, mes crayons, mes blocs de papier et m’amuser avec l’imprimante en écoutant les Pogues. C’est ça la vraie création : ça passe par les doigts, pas par les neurones.
Ah bon ?
Ça arrive à tout le monde, d’abandonner ce que l’on doit faire et aller faire des choses qui peuvent attendre… C’est comme si on disait: « je ne ferai pas ça, mais pas parce que je suis paresseux ou quelque chose pareil; je ne le ferai parce que je dois faire une autre chose aussi importante »… Mais au fond, on sait la raison…
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C’est la procrastination la vraie raison. On remet toujours à plus tard ce qui ne nous tente pas.
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« Procrastination »: voilà le mot qui me manquait!
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Je te le donne!
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