Lundi 4 mai
J’attendais mon dîner scolaire avec une certaine appréhension. J’ai écrit à Dominique que je comptais cuisiner du baloné et elle m’a répondu qu’aussi incroyable que cela puisse paraître, ses enfants n’en avaient jamais mangé. Comme Roger a dédain de ça, il raconte des histoires d’horreur sur le sujet. J’ai quand même décidé de maintenir le cap parce les petits McNeil, eux, adorent ça. Dans l’autobus, Lionel a annoncé la bonne nouvelle à Thomas et Samuel. Les Richelieu sont arrivés inquiets à la maison.
THOMAS (en garrochant son chandail en boule dans un coin de l’entrée). — Je ne mange pas de baloné, c’est fait avec des yeux et c’est dégueulasse.
MOI. — Ce n’est pas vrai.
THOMAS. — Papa me l’a dit.
MOI. — Tu sais, ton père ne dit pas toujours la vérité.
THOMAS (avec de grands yeux de poisson). — …
MOI. — Mais tu n’es pas obligé d’en manger. Je peux te préparer une assiette de patates pilées et de blé d’Inde. Et je suis sûre que maman te fera un bon souper ce soir.
THOMAS. — Est-ce que je peux voir à quoi ça ressemble ?
MOI. — À ça (en lui montrant une tranche délicieusement grillée). C’est comme une grosse saucisse.
Il a posé un regard médusé sur le plat. Il avait l’air tout étonné de trouver ça appétissant. Plus tard à table, je l’ai servi en l’observant du coin de l’œil. Il a porté un morceau à sa bouche et j’ai vu qu’il trouvait ça TRÈS bon.
THOMAS (pour lui-même). — C’est même pas vrai, cette histoire d’yeux.
MOI. — Bien sûr que non. C’est de la viande de moins bonne qualité à laquelle on ajoute des épices. Les Français en mangent aussi. Ils appellent ça de la saucisse de Lyon.
AGATHE. — On pourrait faire des hot-dogs au baloné alors.
MOI. — Non, on dit « saucisse », mais c’est plutôt du saucisson.
Désintérêt total des quatre enfants. Thomas tenait à son idée.
THOMAS. — Ça doit être des petits bouts d’os broyés tellement fins que c’est comme de la farine.
MOI. — Oui, mon ange. Détends-toi, c’est comestible.
J’ai remarqué que Samuel ne touchait qu’aux patates au blé d’Inde.
MOI. — Tu ne manges pas ton baloné, Samuel ? As-tu peur toi aussi ?
SAMUEL (genre meun, pfff, pas rap…). — Pas du tout. C’est super bon : je le garde pour la fin.
Alléluia ! Ils ont bien mangé, bien bu et sont repartis avec la peau du ventre bien tendue.
Les enfants souvent aiment ou n’aiment pas la nourriture « avec les yeux », n’est-ce pas? Même s’ils n’en ont jamais goûté. Quand j’étais petit je détestais les comboux (ou gombos) et les cornichons des antilles: je les trouvais dégueulasses! Aujourd’hui, je ne les aime pas, mais ne les déteste non plus. La papaye, par contre, je ne l’aime pas du tout, je la déteste même… le goût, l’odeur, la consistence… 🤢
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C’est étrange, à part la papaye, je ne connais pas les aliments dont tu parles. La nourriture, c’est culturel. Mon mari français et moi, nous n’aimons pas du tout les mêmes desserts par exemple.
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J’ai cherché la traduction de ces légumes (?) au dictionnaire. En portugais ils ont l’horrible (héhéhé) nom de « quiabo » (le gombo) et « maxixe » (le cornichon des antilles). Je crois qu’il sont des produits tropicaux.
Les voilà:
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Gombo
https://en.m.wikipedia.org/wiki/Cucumis_anguria
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J’ai mangé des gombos à Cuba. C’est gélatineux, mais pas mauvais. Toute ma famille a détesté… L’autre «aliment» m’est totalement inconnu. Merci pour tes recherches.
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