Mercredi 18 mars
J’avais déjà mal partout : aux coudes, aux épaules, au cou. Mais ce matin, c’est surtout le poignet de la main droite qui me fait souffrir. Je dois porter une attelle et ça me gêne pour dessiner.
Ça sent le règlement de compte corporel.
En plus, ça bloque côté inspiration. Tout allait bien quand j’avais des bâtons dans les roues, mais dès que la maison s’est vidée, je suis tombée en panne. Ce n’est vraiment pas le moment.
Dominique est venue me voir. Elle a regardé mon poignet en secouant la tête.
— Tu sais Anne, le mot « femme », se passe très bien du préfixe « sur ».
— C’est comme une mauvaise habitude dont je n’arrive plus à me débarrasser. J’aimerais être parfaite, rendre les gens heureux, tenir ma maison propre et je fais tout sauf ça. Je m’occupe mal de mes enfants, de James, de Peter.
— Tu le fais très bien. Baisse la barre un peu !
C’est l’hôpital qui se moque de l’hospice !
— Tous les enfants — les miens aussi d’ailleurs — et les adultes du Québec sont dans une mauvaise passe ces temps-ci. C’est cyclique. C’est mars. La semaine de relâche ne sert pas seulement à faire sacrer les parents qui travaillent.
J’ai haussé les épaules. Je n’avais plus d’énergie. Surtout pas pour discuter.
Anne a déjà oublié qu’il y a deux semaines, elle sermonnait Dominique et lui suggérait de renoncer à sa quête de perfection. Elle pratique la règle du « faites ce que je dis ; pas ce que je fais ». Heureusement, ça ne l’empêche pas de se réjouir de l’affection et du réconfort que Dominique lui offre.
Anne a peut-être la gueule de bois, après toute l’agitation des jours précédents.
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Oui, ou un post-partum!
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