Mercredi 21 janvier
Ce matin, j’ai la tête d’Emmanuelle Béart, mais en moins belle et en plus cernée. Le pire, c’est que ça fait un mal de chien. J’aurais bien passé la journée à gémir sur ma vie misérable, mais la garderie m’a appelée parce que Raoul est tombé sur la tête en voulant sauter par-dessus une chaise.
Je ne suis pas fier de moi, mais il fallait absolument qu’Anne sorte le nez de son nombril. J’espère que Raoul me pardonnera.
Blanc comme un drap, Raoul patientait sagement assis sur l’instrument du crime.
Quand il m’a vue, il a éclaté en sanglots. Ça m’a crevé le cœur. J’ai écouté le récit de Jeanne sans m’y attarder, puis j’ai filé à l’hôpital. On a poireauté trois heures avant qu’un médecin de téléroman, pressé et hautain, vienne s’occuper de nous. Il a anesthésié Raoul et sans attendre que ça gèle, il a recousu mon fils. Franchement, il aurait pu économiser une piqûre. Gros épais ! Raoul a bien fait ça : il a pleuré un grand coup, mais sans bouger la tête.
À la maison, j’avais un message de mes parents qui me disait qu’ils arrivaient avec le souper. C’est James qui les a appelés pour les prévenir que Raoul avait eu un pépin. Je me suis mise à pleurer de soulagement, de reconnaissance et de fatigue. Raoul me flattait le dos en me demandant si j’avais mal quelque part. Je l’ai rassuré en lui disant que c’était des larmes de joie. Il n’a rien compris, évidemment.
Les caresses d’un enfant, c’est doux comme une aile d’ange. Littéralement.
Cet ange est un tout petit peu machiavélique!…
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Il est dangereusement dévoué à sa protégée!
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