À l'orée de la ville

Lundi 4 août

Mon bébé a commencé à sautiller chez les Grenouilles rieuses. Il est avec les Rigodons. Je me demande si c’est une bonne idée de donner des noms de danses aux groupes. Il ne faudra pas se plaindre si les éducatrices ont du mal à faire asseoir leurs grenouillettes.

On a laissé Raoul aux bons soins de Jeanne, convaincus qu’elle allait faire le bonheur de notre fils (vu son teint de lait, sa taille de guêpe et sa poitrine épanouie, je pense qu’elle fera aussi le bonheur du papa), puis on s’est séparé. Dominique, la maman d’un ami de Raoul, m’a foncée dedans au moment où je sortais et a failli me casser le nez. Elle s’est mortifiée, en employant le « tu ».

Bonne idée ce carambolage, non ? C’est moi qui ai organisé la chose. Anne a grand besoin d’une copine.

— Ne t’inquiète pas, lui ai-je répondu. Je survivrai.

— Fiou ! Je t’invite à prendre un café pour me faire pardonner, mais là, je suis super en retard. Donne-moi ton adresse et je t’écris, d’accord ?

Vu sa réaction de politicienne, je ne crois pas qu’elle donnera suite, mais ça m’a fait plaisir d’avoir une invitation même potentielle.

Ne t’inquiète pas ma biche. À partir de maintenant, elle ne passera pas une heure sans penser « accidentellement » à toi. Son ange et moi, on y travaille.