Les anges sont vaniteux – chapitre 18

Jeudi 7 août

C’est la journée de congé de Raoul et comme il fait très chaud, on n’a fait que se baigner. Et se battre pour le requin lesté, et pleurer parce que c’est toujours l’autre qui a le ballon, et se taper dessus à coup de frites, et aller en punition dans sa chambre, et sangloter parce qu’il ne reste plus de ketchup pour les hot-dogs et finir par envoyer tout le monde siester — maman comprise.

Tous au lit

Au retour du bureau, James nous a trouvés bronzés, souriants et reposés. Il semblait sorti tout droit d’une nuit dans la sécheuse. Il a eu le culot de me dire qu’il aurait échangé sa place avec la mienne.

J’aurais bien aimé, moi, passer la journée au frais avec des gens qui ne pleurent pas tout le temps et qui parlent sans crier.

Quoique…

Quoique...

Anne n’a pas eu le cœur de mettre Raoul à la garderie toute la semaine, alors il passe ses jeudis avec elle. Elle a du mal à laisser filer le temps. Elle voudrait que ses petits restent petits et se demande comment les choses se passeront quand ils seront plus grands. Seront-ils de bons adolescents ? L’aimeront-ils encore ? Auront-ils toujours besoin d’elle ? Elle s’inquiète à l’idée d’acheter des soutiens-gorges pour Agathe ou de rappeler à Lionel et Raoul de se raser.

Je rirais à gorge déployée si je ne sentais pas la profonde détresse d’Anne. Elle a peur de l’avenir et c’est sous une frénésie d’activités qu’elle étouffe ce sentiment. Je dois l’aider à dompter ces angoisses qui lui viennent d’Adélaïde. Elle devrait pourtant savoir comment gérer ça : elle donne si « généreusement » des conseils à sa mère…

Notre dame du bon conseil


2 réflexions sur “Les anges sont vaniteux – chapitre 18

  1. Voilà ce qui disait Vinícius de Morais, un poète brésilien (il a écrit les paroles de Garota de Ipanema et de plusieurs chansons de la Bossa Nova – c’est moi qui l’a traduit, alors pardon par les fautes):

    Un poème un peu désagréable

    Des enfants … Des enfants?
    Mieux vaut ne pas en avoir!
    Mais si nous n’en avons pas
    Comment le savoir?
    (…)
    Des enfants sont des démons
    Mieux vaut ne pas en avoir!
    Mais si nous n’en avons pas
    Comment le savoir?
    Comment sentir
    Cette douceur
    Dans ses cheveux
    Cette odeur chaude
    Dans sa chair
    Quel goût sucré
    Dans la bouche!
    Ils sucent le rasoir
    Ils boivent du shampooing
    Ils mettent le feu dans le quartier
    Cependant,
    Quelle chose folle
    Quelle chose belle
    Sont les enfants!

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    1. C’est exactement ça! Quand j’ai eu ma fille, j’étais tellement fatiguée et malade que je pleurais sans arrêt. Ma mère l’a gardée pour que je me repose mais c’était pire : je pleurais encore plus parce que je m’ennuyais!

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