Quand on est mère au foyer — ce qui est mon cas — la tentation est grande de se taper toutes les corvées domestiques sous prétexte que ça fait partie de notre définition de tâche. On lave, on cuisine, on frotte, on ramasse, on plie et on recommence à-longueur-de-journée. Le soir, on est tellement épuisée que quand les enfants et leur père rentrent à la maison, on les engueule comme du poisson pourri parce qu’on a trouvé des bobettes sales cachées au fond d’un garde-robe (je parle ici du garde-robe des enfants.)
Minute moumoute. Il est temps de prendre une grande inspiration et de remettre les pendules à leur place.
Il est impératif de jeter au feu cette croyance débile qui suppose que celui ou celle qui reste à la maison doit assumer l’entretien de ladite maison. La raison est simple : faire un boulot de bonne sans la promesse d’un salaire au bout, c’est aliénant.
Ce n’est pas parce que je suis paresseuse que je ne lave pas les planchers. Et ce n’est pas parce que je suis une mère ingrate que je ne fais pas les lunchs de mes enfants ou que je ne débarrasse JAMAIS la table. C’est parce que je n’ai pas envie de virer folle. Je veux continuer d’accueillir mes enfants avec le sourire aux lèvres, d’écouter avec intérêt ce qu’ils ont à me raconter et de les disputer intelligemment quand ils me racontent des menteries. Je veux apprendre des choses à mon mari, être là pour mes amis et alimenter mon blogue.
Je veux faire partie de la société dans laquelle je vis, même si je n’ai pas de statut professionnel.
Pour moi, ça passe par la lecture et l’écriture. Pour quelqu’un d’autre, ce sera le bénévolat, des cours de peinture ou un club de ski de fond.
Si je m’offre chaque jour des périodes libres de corvées — oui, des moments de loisir en plein jour — c’est surtout parce que mon mari, mes enfants et moi formons une famille dans laquelle chacun apporte sa contribution. Ensemble, nous tenons les rênes de l’attelage ménager. Je mentirais si je vous disais que je n’en fais pas largement plus que tous les autres réunis, mais mon fils tond la pelouse comme un champion alors que je n’arrive même pas à faire démarrer la maudite tondeuse, les salles de bain de ma fille sont celles qui brillent le plus au monde et je ne peux pas cuisiner des repas du dimanche soir qui goûtent autant le dimanche soir que ceux de mon mari.
Par contre, je suis excellente pour apporter un liant à la sauce familiale. Je m’occupe de la lessive sans reprocher à mon mari d’ignorer où se trouve la laveuse et sans avoir honte de dire que mes enfants n’ont pas encore appris qu’un tiroir à bobettes, ça avait un fond. (C’est sûrement parce que je fouille les garde-robes avant de partir la laveuse.)
J’avoue, je n’ai pas toujours eu cette tranquillité d’esprit. Il fut un temps où j’attendais les miens avec l’envie furieuse de leur dire ma façon de penser en termes que je tairai ici. J’ai dû déboulonner le mythe selon lequel j’étais à la fois redevable et indispensable. C’est alors que j’ai réalisé qu’il valait mieux que je prenne une heure pour lire, plutôt que de faire une fixation sur l’aspirateur. Une maman de bonne humeur apporte plus à sa famille qu’une toilette étincelante. Si vous venez chez moi, vous trouverez peut-être la maison propre : c’est parce que j’ai pris l’habitude de faire le ménage pour la belle-mère, comme on dit chez les Grecs. Pour les apparences quoi, là où ça se voit.
J’ai compris que grâce à mes heures passées à faire autre chose que du ménage, ma famille et moi ne nous chicanons jamais bien longtemps à propos de bobettes cachées sous les souliers.
Bien écrit comme toujours! Je suis content de savoir que mon neveu et ma nièce québécois(e) sont diligents! Gros becs!
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Ils ont appris à mettre leur linge sale dans le panier. Je suis super fière!
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Et les enfants, eux aussi ils font le sale boulot!
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Exactement! Les mains dans la chaudière en famille!
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Oh ! Jolie comparaison !
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Bonjour et merci pour cet article.
Le lacher-prise est très important tout comme de déculpabiliser quand nous sommes mère au foyer…
Tout est vrai dans ce que vous écrivez.
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L’entretien de la maison est un animal sauvage qu’il faut tenir en respect. Sinon, il nous gobe tout rond.
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Ça fait réfléchir… Super bien écrit!
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Merci! C’est un lâcher-prise qui demande une discipline de fer!
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Que c’est bien écrit! Et les photos, quelles trouvailles! J’aime ton message tout en nuances, il amène à réfléchir beaucoup sur…beaucoup.
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Merci ma belle! C’est un article initialement écrit pour cette revue qui croit que la maternité périme quand les enfants atteignent l’âge de 12 ans.
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