La cabane au fond du jardin

Le jardinage est entré dans ma vie assez tard. Pendant des années, j’ai regardé la dalle de béton qui longeait notre bungalow en pensant que mes voisins devait avoir honte de nous. Je n’y étais pourtant pour rien. Ce sont les premiers propriétaires qui aimaient le style bunker comme aménagement paysager.

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Un jour, je me suis rendu compte qu’il y avait belle lurette que mes enfants faisaient leur nuit et que les couches n’étaient plus qu’un vague souvenir. Le temps était venu de me remettre les mains dans le sale. J’ai étudié un article du Coup de pouce qui aurait pu s’appeler « le jardinage pour les nulles qui n’arrivent pas à faire pousser de la ciboulette en pot » (c’est mon cas, si vous avez des conseils, écrivez-moi par pitié). On proposait trois catégories de plates-bandes. J’ai choisi le jardin 1.0, celui qui ne comporte que des plantes indigènes supportant la sécheresse, les insectes et une propriétaire qui ne connaît pas le niveau d’acidité de son sol.

Je me suis mise au travail et quelques semaines plus tard, il y avait à l’extérieur un magnifique parterre de fleurs et, à l’intérieur, une fille raide dingue du jardinage. Je suis devenue de celles qui amènent copines et belle-mère faire le tour du propriétaire :

— Ici, j’avais une hémérocalle Stella de Oro, mais elle s’étendait trop alors je l’ai changée de place.
— Tu ne savais pas qu’il y avait des Stella de Oro miniatures? Ça serait parfait ici.

Nos maris regardent nos yeux qui brillent et ne comprennent pas notre exaltation. Pour eux, les taches de couleurs qui bordent le bungalow sont des végétaux au même titre que la pelouse. Si je ne l’avais pas vécu moi-même, je ne comprendrais pas ce manque d’intérêt.

À la suite de cette épiphanie, j’ai eu envie de visiter les Jardins de Métis avec mon mari. Ce parc se divise en deux parties. D’un côté, on retrouve le Festival international de jardins. C’est un endroit où l’art et la nature se côtoient. J’avais détesté ma visite parce que nous suivions une jeune famille qui se baladait en compagnie d’une radio tonitruante calée dans la poussette et réglée sur une chaîne commerciale. Au lieu de pester contre leur manque de savoir-vivre, nous avons fait le tour au pas de course et regagné la voiture en commentant le style très bof de l’exposition.

Aucune déception ne pointait dans notre discours. Nous étions emballés par les jardins de la fondatrice que nous avions passé quatre heures à visiter. La construction de ces jardins-là a été entreprise par Elsie Reford au cours de l’été 1926. Elle avait alors 54 ans et son médecin lui avait conseillé d’éviter l’équitation et la pêche qu’il jugeait trop sportives pour son état de santé.

Elsie Reford

Avant ma visite, j’étais à l’aube de mes 40 ans et je vivais un coup de mou. J’avais l’impression d’avoir dépassé l’âge où on réalise de grandes choses sans avoir rien fait de bien important (je vous entends me dire que j’ai quand même tricoté deux enfants sublimes, mais là n’est pas le propos : j’avais envie de me sentir misérable et il ne faut jamais consoler quelqu’un qui ne veut pas l’être). Ma journée passée en compagnie du fantôme d’Elsie m’a redonné des ailes et la certitude qu’il me reste encore du temps devant moi.

Cet été, nous sommes retournés aux Jardins de Métis en compagnie des enfants.

Cette fois-ci, nous avons pris le temps, une fois la Villa Estevan visitée, les fleurs d’Elsie abondamment photographiées et le lunch englouti, de donner une seconde chance au Festival international de jardins.

Dire que nous avons été emballés serait un euphémisme.

Je ne parlerai ici que du premier jardin que je rebaptiserai puisque ni l’artiste ni les organisateurs n’ont jugé pertinent de lui donner un nom français. Tant pis pour eux : elle s’appellera désormais « Les cabanons ». Je vous laisse faire la visite virtuelle ici et écouter la créatrice parler de son intention artistique (la vidéo du haut est traduite, Dieu merci).

Une des cabanes se détachait du lot : celles des petits papiers. Elle est toute blanche, contrairement aux autres qui sont colorées. À l’intérieur, une table, une chaise, des tonnes de crayons, des bouts de papier recyclé et des punaises. Les visiteurs créent le spectacle en exprimant ce qui leur fait envie. Et c’est tout un spectacle, mes amis! Je vous montre un extrait de mes messages préférés. Pour ma part, je vais méditer la morale de cette histoire : il faut toujours donner une deuxième chance à l’art.

La moitié des cabanons

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Les trésors sont à l’intérieur

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Bonheur et torticolis
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Un ramassis de grandes pensées

Petits papiersTout est dit

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Le message de mon fils au monde

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Quelqu’un peut nommer le titre du film?

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On ne le dira jamais assez

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Ce qui vous pourrit la vie mérite d’être nommé

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Ma fille est triste que la pluie nous chasse

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Le guide de voyage, spécial Gaspésie

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On croise les doigts pour toi, Cendrillon

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Leçon d’histoire, les enfants. Aujourd’hui, Rosa Luxembourg

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Le post-it

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Jules César, revu et corriju

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Tout le reste serait superflu

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8 réflexions sur “La cabane au fond du jardin

  1. J’ai visité ce jardin au printemps et il semblait être magnigique en été. Je vais y retourner. Pour ce qui est de ton jardinage, je dois te dire que tu débrouilles assez bien. Ta disposition de fleurs est bien appropriée.

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  2. C’est une idée merveilleuse d’offrir un espace pour laisser des messages comme ça! J’ai adoré les billets de C. et L.; je vois qu’ils ont bien profité de l’été! J’ai aussi bien aimé le guide de Gaspésie et la relecture de Jules César! 😊Outre, je suis completement d’accord avec toi: « il faut toujours donner une deuxième chance à l’art ». Je n’aimais pas du tout l’art moderne, par exemple. Aujourd’hui, ça m’amuse pas mal!

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