Vendredi 19 juin
Ce midi, j’ai mangé avec la journaliste pour l’article de Lumières. Je lui ai raconté la manière accidentelle qui m’avait amenée à devenir illustratrice, comment Jean-Paul avait été responsable de ce changement d’orientation, quelles étaient mes sources d’inspiration, mes réalisations, mes projets. C’est rare qu’on passe des heures à parler de soi sans se sentir coupable de ne pas s’intéresser à l’autre. Ça m’a fait un bien fou de décrocher du travail pour quelques heures.
Même si c’était pour parler du travail.
En rentrant, j’ai préparé des litchis frais pour la collation des enfants. Ils les ont engouffrés et sont partis jouer dehors. Une demi-heure plus tard, Lionel revenait vers moi, très mal en point. Il pleurait, toussait, râlait et menaçait de vomir (ce qu’il a fini par faire à côté de la toilette). James est arrivé et l’a amené dare-dare à l’hôpital. Son cas était tellement urgent qu’ils n’ont même pas pris ses cartes. Cortisone, Ventolin et Pulmicor plus tard, il s’est un peu calmé.
Mais il s’est mis à enfler et à rougir. Le médecin a alors paniqué.
Ce qui a provoqué un effet domino sur tout le monde, y compris moi.
Il a envoyé James acheter une seringue d’Epipen pendant qu’il veillait lui-même au chevet de notre petit bonhomme. Quand James est revenu de la pharmacie, Lionel s’était calmé et son taux d’oxygène dans le sang avait retrouvé la normale. Il était faible et pâle.
Le médecin pense qu’une allergie au pollen ou aux litchis pourrait avoir provoqué un spasme broncho-pulmonaire. Il craint que Lionel soit asthmatique. Il nous a rédigé une ordonnance pour aller en allergologie et en pneumologie. Il a écrit « URGENT » en lettres rouges sur la référence de Lionel, mais il a dit à James de ne pas entretenir trop d’espoir. Les urgences attendent des mois. Les autres attendent des années. D’ici là, on va arrêter de servir des litchis à Lionel et lui donner de la cortisone par voie orale pour soigner ses poumons.
J’ai couché Lionel dans notre lit et j’ai passé la nuit à lui flatter le dos, en gardant l’oreille aux aguets et les yeux fixés sur sa poitrine
Anne s’est levée épuisée. Son inquiétude grandit à vue d’œil.
Deux de mes neveux étaient asthmatiques quand ils étaient très petits. C’est vraiment affreux!
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Ça fait peur : à vivre et à voir.
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