Jeudi 18 juin
C’est aujourd’hui que James et Pascal passaient aux petites créances. Moi aussi, parce que j’étais témoin. Si j’avais su, je serais allée me repoudrer le nez au lieu de regarder cet imbécile culbuter à mes pieds. J’ai amené Raoul avec moi, histoire de me réconforter. Je lui ai expliqué le principe des procès en termes édulcorés :
— Le juge célèbre des mariages et arbitre les situations difficiles comme quand on sait pas trop qui a gagné au ballon.
Cette explication l’a pleinement satisfait.
J’ai tellement haï ça ! J’aurais préféré avoir les pieds dans les étriers du gynécologue plutôt que de me trouver là. La greffière l’a vu et si elle avait pu laisser le protocole au placard, elle serait venue me masser les épaules. Elle s’est contentée de quelques sourires appuyés pour me faire comprendre que tout irait bien.
Je lui ai inspiré toute la compassion que j’avais en réserve.
L’assermentation m’a terriblement déçue. On ne demande plus de jurer sur la Bible, de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité. Il faut répéter « j’affirme solennellement ».
Quel dommage ! C’est comme enlever « tire la bobinette et la chevillette cherrera » du Petit Chaperon rouge.
Quoi qu’il en soit, je suis maintenant une personne dont on peut dire : « cette fille est assermentée ». Je me demande si c’est permanent ou si j’ai une date de péremption.
Finalement, la greffière avait raison, ça s’est bien passé.
Surtout depuis que c’est terminé.
On recevra le jugement par la poste.
Même si je travail dans ce domaine, j’avoue que c’est difficile d’être « de l’autre côté de la table », peu importe si on est là comme un témoin.
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J’imagine que oui!
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