Lundi 15 juin
James a recommencé à jouer à « ça se peut que je sois un peu en retard » avec moi. Il sait que j’haïs ça. Tant pis pour lui, il manquera mes crevettes au basilic.
La réaction d’Anne est machiavélique, mais légitime.
Johanne m’a appelée pour me parler de mon roman. Quand je pense que j’ai refusé le titre de Brigitte pour m’épargner dix minutes de travail : quelle ironie ! J’ai tellement de corrections à faire que je devrai écrire l’équivalent d’un tiers de pages de plus. Ma première réaction a été de déprimer à mort. Mon deuxième réflexe a été d’appeler James pour lui raconter mes malheurs.
C’est mieux.
Il m’a demandé la liste des corrections que je devais faire.
— Je dois expliquer pourquoi les enfants passent la nuit seuls à la maison ; je dois ajouter une scène d’action au moment où le gaffeur fait tomber la clef au fond du coffre ; je dois donner un nom à la bande parce que Johanne trouve que l’idée de Brigitte est bonne et que ça manque ; je dois…
J’étais en train d’égrainer ma litanie misérabiliste lorsque j’ai compris qu’effectivement les propositions de Johanne amélioreraient mon roman. Je déteste tellement écrire que j’érige un mur qui m’empêche de voir la réalité.
J’ai laissé James en le remerciant de m’avoir écoutée (et en lui répétant que j’allais faire des crevettes au basilic pour souper) et je me suis attelée aux corrections. Si je veux que ce soit terminé avant que les enfants finissent l’école, je dois entrer en religion.
Je reconnais bien là l’extraordinaire talent d’Anne pour l’exagération
Et elle veut vraiment terminer toutes ces corrections avant le souper, la pauvre?!?
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Je ne crois pas que ce sera possible…
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