Dimanche 22 mars
Je suis un peu tristounette aujourd’hui. Finalement, mon ordinateur amuse plus James et Peter que moi.
Est-ce que je suis surpris ?
Je n’avance pas du tout pour mon contrat de Lumières et je n’ai même pas envie de m’y mettre. Avec James, on a profité d’une minuscule grasse matinée pour réfléchir à mon mal-être et trouver la manière d’y faire face. On a décidé que je consacrerais désormais dix-huit heures par semaine au travail, quoiqu’il arrive. Depuis que j’ai fini le contrat de Diolinda, je n’ai pas passé deux jours consécutifs toute seule.
J’ai l’impression d’être cannibalisée. Je n’en peux plus qu’une mère qui n’est pas la mienne me réveille le matin ; de trouver ma laveuse pleine de linge qui ne m’appartient pas ; que Peter m’enlève l’ordinateur pour s’amuser avec son jeu débile ; que le beau-père brise mes assiettes ; de surveiller le ménage ; de dormir la porte fermée à cause de la télé trop forte ; de ne plus faire l’amour parce que quelqu’un dort dans la pièce en dessous et de siester tout habillée au cas où Peter débarquerait sans prévenir au pied de mon lit.
Pour lui annoncer qu’il a brisé son fer à repasser en plus.
Je n’ai plus envie de me lever du tout.
Depuis que Peter s’est installé chez nous, j’ai envie de m’enfuir. Pas longtemps, juste quelques jours pour aller quelque part où je serais seule. Je sais que je me comporte comme un bébé gâté, que je reviens d’une semaine de vacances à Cuba et que normalement, je devrais tenir une année avant de recommencer à me plaindre. Ma nature est si faible.
Je dirais le contraire, compte tenu de ce qui s’est passé depuis.
Peut-être que cette envie de tout quitter fait que la sérénité peine à me rattraper ? James m’assure que je n’ai pas besoin de grand-chose pour retrouver ma bonne humeur, juste d’abandonner le bonheur sept heures à ses sombres desseins. Des fois, il faut se forcer pour sourire, mais on est trop fatigué pour faire le geste. Je me console en pensant que si on ne peut pas descendre plus bas, on doit remonter ou s’inscrire dans les statistiques.
Je devrais m’inspirer de James : depuis qu’on a acheté l’ordinateur, il sacre beaucoup, mais il est tout sauf déprimé. Il est passé tout doucement à travers sa crise à lui.
Mon adolescence m’a appris que pour chasser les idées sombres, il n’y a que trois recettes qui marchent (non, manger des chips, ça ne fonctionne pas) :
a) faire du ménage
b) regarder Sissi
c) se pomponner
Comme les enfants regardent un film, je vais aller trier le contenu de mon coffre à bijoux pendant que mon bain coule. Ensuite, je vais me faire les ongles. Et tiens, je vais mettre toutes les chances de mon côté en envoyant James m’acheter des crottes au fromage. On ne sait jamais, après tout.
« Des fois, il faut se forcer pour sourire… » Oui, il faut des fois un petit effort. C’est parfois difficile, mais une fois réussi, tout va mieux! (Trop de « fois » dans ces phrases, quand même… ☺️)
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Des fois, aussi, c’est une épreuve insurmontable de sourire, mais c’est toujours un effort payant.
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