Mercredi 18 février
James a appelé Peter pour lui parler de notre nouveau testament. Il lui a dit que ce n’était pas un désaveux, mais que c’était mieux pour les petits d’aller chez Brigitte et Pascal à cause de Laurelou. Peter l’a écouté en ponctuant son discours de quelques hum, puis il a demandé :
— C’est à cause de Sylvie ?
Mais oui, bien sûr !
James lui a menti en pleine face.
— À cause de Sylvie ? Jamais de la vie. De toute façon, c’était toi le tuteur, pas vous deux.
Ça m’étonnerait que Peter ait avalé cette couleuvre.
À peine une minute plus tard, James raccrochait. J’étais mal à l’aise.
— Pourquoi tu lui as raconté des salades ?
— Mets-toi à ma place. Comment je pourrais lui dire : « écoute Peter, tant que tu coucheras avec cette folle, on n’a pas envie de te confier nos enfants. »
— Tu peux lui dire la vérité sans le blesser, non ?
— Je ne vois pas comment. Mais vas-y toi, si tu es si bonne. Règle-moi ça.
Son petit ton pète-sec m’a mis hors de moi.
— Pourquoi, ça tomberait dans ma cour ?
— Parce que tu me critiques. Si c’est moi qui parle à Peter, ça va se faire à ma manière. Je ne vais pas porter une oreillette pour que tu puisses me souffler le texte.
— Je ne fais pas ça !
— C’est exactement ce que tu fais, Anne. Arrête ça : ce n’est pas tes affaires.
Ouille, on ne dit pas ça à une Anne agacée.
— Celle-là, c’est la meilleure ! Mon testament et la garde de mes enfants, ce n’est pas mes affaires ?
— Ça oui, mais pas l’interface avec mon frère.
— Je te signale que c’est toujours moi qu’il vient voir quand il ne va pas bien, ton frère.
— Ce n’est pas vrai.
— Voyons donc, James !
Sa mauvaise foi avait la taille du Titanic ! Tout d’un coup, j’ai senti le poids du monde sur mes épaules et j’ai eu envie de tout laisser tomber.
Fais-le ! Ça te fera un bien fou.
C’est ce que j’ai fait : j’ai tout laissé tomber.
Alléluia ! Enfin, elle m’écoute !
— Après tout, c’est ton frère, fais comme tu veux.
— Amen.
Pauvre Anne. Elle aimerait abandonner plus facilement, mais elle n’a pas du tout le sens du repli.
Jean-Eude lui répète souvent qu’il vaut mieux être heureux qu’avoir raison. Anne pense comme lui, mais seulement quand elle se sent parfaitement détendue. Dès que l’ombre d’une confrontation se profile, elle oublie les beaux principes et fonce tête baissée dans la dispute. Elle réalise au moment de compter les morts qu’elle a encore manqué de pondération.
C’est pourquoi je suis si fier d’elle aujourd’hui. Pour la récompenser, j’ai camouflé le chocolat au lait quand elle a préparé un chocolat chaud pour toute la famille, parce que je sais qu’elle préfère le noir.
« Il vaut mieux être heureux qu’avoir raison »! Je suis tout à fait d’accord!
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C’est le genre de maxime qui vous rend la vie plus facile.
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