Vendredi 23 janvier
J’ai passé une partie de la journée au spa de l’hôtel à me balader entre des bassins d’eau chaude, d’eau tiède, d’eau froide. Chaque fibre de ma personne dégage le bien-être. James m’attendait à la sortie. Un parfum de devoir accompli flottait derrière lui.
Nous sommes rentrés à la maison un peu après huit heures. Les enfants m’ont sautée au cou comme si je les avais abandonnés à la naissance. Ça m’a fait réaliser que le postulat qui veut que les enfants aient besoin de leur mère n’est pas une simple vue de l’esprit. En tout cas, pas chez nous. Les petits ont à peine remarqué le départ de James. Ce n’est pas parce qu’ils l’aiment moins que moi, c’est seulement que son absence n’a pas vraiment changé leur quotidien. James est là pour les moments de loisir, alors que je suis toujours à la maison pour eux, du réveil au coucher. Eh oui, je suis une personne indispensable.
Anne était contente de revoir ses enfants, mais aussi ses parents. Depuis quelque temps, elle trouve sa mère moins agaçante, moins peureuse. C’est vrai qu’Adélaïde a accepté d’annuler sa réunion pour garder ses petits-enfants et a encore changé ses plans quand Raoul s’est blessé. Tout ça, sans se plaindre ou émettre une remarque culpabilisante. Au contraire, elle a tout fait pour qu’Anne parte à Montréal avec l’esprit en paix.
Sur le coup, Anne n’a pas réalisé que ça ne ressemblait pas à sa mère, mais après une nuit de sommeil et une journée à flotter, ça l’a frappée.
Elle a demandé à James s’il avait trouvé sa mère moins exaspérante que d’habitude.
— Non, je n’ai pas remarqué ça, mais c’est vrai que j’ai senti moins de tension entre vous deux. Je pense que c’est toi qui es moins chiante.
— Pardon ?
— Je veux dire : avec elle. Tu la critiques moins, et ça fait une grosse différence. J’aime ça.
La réponse de James a surpris Anne. Elle a réalisé que sa mère n’était pas la seule responsable de leur mauvaise relation. J’espère qu’elle finira par comprendre qu’en mettant un peu d’eau dans son vin, elle pourrait améliorer les choses.
Même si les parents manquent aux enfants – et vice-versa -, je pense qu’il est bon d’avoir ces moments d’absence: pour les parents, c’est un moment de détente (car j’imagine que les enfants sont adorables mais fatigants); pour les enfants, d’autre côté, c’est un moment pour essayer leur indépendance…
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Tu as mille fois raison. Il faut se séparer un peu pour vérifier que le lien d’attachement est toujours solide.
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