Mercredi 3 décembre
Il a beaucoup neigé cette nuit et je n’ai pas pu aider James à déblayer l’entrée parce que je faisais les décorations de Noël dans la classe de Lionel. Je suis restée deux heures à l’école et quand je suis revenue, j’ai trouvé James qui pelletait encore. Il avait le visage aussi rouge que ses cheveux.
J’ai éclaté de rire : il m’a fusillé du regard. J’ai effectué un repli stratégique en offrant de lui préparer du café.
Dix minutes plus tard, il est entré dans la maison, a garroché ses bottes et a attrapé le bottin de Boischatel. Je suis restée respectueusement muette. Il a appelé monsieur Fortin, le déneigeur des voisins. Quand il a raccroché, il semblait plus détendu. Je n’ai pas pu résister plus longtemps et j’ai laissé exploser le cri de la victoire :
— Je te l’avais dit que ça nous prenait un contrat de neige !
C’est vrai : je l’ai dit dès qu’on a acheté la maison. Mais James, qui est tellement cartésien pour certaines choses, est complètement dans les nuages pour d’autres. Il s’imaginait, le dimanche matin, pelletant une petite neige duveteuse pendant que les enfants s’ébroueraient joyeusement à ses côtés et que son épouse préparerait du chocolat chaud pour tout le monde. Il n’avait pas pensé qu’il neigerait aussi les jours où un comité de direction serait à l’agenda. Il est revenu de son voyage en Bucolie ce matin.
Anne devrait confesser un péché d’orgueil. Les humains n’ont pas le droit de rire des perdants. Par contre, les anges le peuvent et ils ne s’en privent pas.
Et qui va rire des anges?… « Jésus, Marie, Joseph! », comme disent les portugais. Héhéhé!
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Sans rire des anges, on peut tout de même dire que celui-là est vaniteux!
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