À l'orée de la ville

Lundi 29 septembre

Ce matin, je me suis embarrée dehors en étendant du linge sur la corde. Il fallait que ça m’arrive une fois : ça y est, c’est arrivé. J’ai frappé à la porte du voisin. Il n’est pas monoparental comme je le croyais, il a aussi un bébé et une blonde qui m’a offert un café en attendant que James vienne me libérer. J’étais gênée de faire connaissance en jaquette, même si ça m’a permis de casser la glace.

Anne casse toujours la glace au bazooka.

Comme c’est mon deuxième épisode de perte de clef ce mois-ci, je m’étais préparée à une violente colère de la part de James. Sa réaction m’a surprise : il m’a dit que je le dérangeais avec un beau grand sourire. On a pensé qu’une demi-heure de plus ou de moins embellirait follement notre vie intime sans changer grand-chose au boulot. Quand il est reparti, j’ai mis une clef dans le cabanon en me disant que je pourrais difficilement faire le coup une troisième fois.

C’est moi qui ai organisé ce rendez-vous galant. Je trouvais que mes deux moineaux manquaient d’intimité. Avec le travail, la maison et les enfants, ils courent tellement qu’ils en oublient presque de souffler sur les braises de leur amour. Comme une petite étincelle peut mettre le feu aux poudres, j’ai craqué une allumette.