À l'orée de la ville

Lundi 25 août

Agathe et Lionel commencent l’école cette semaine alors je leur ai expliqué ce qui s’en vient. J’ai mis devant eux les calendriers, j’ai pris une grande inspiration — parce que, franchement, même pour moi ce n’est pas très clair — et j’ai attaqué la séance.

MOI. — Comme Raoul n’a pas de garderie le jeudi, il sera avec nous. Agathe, tu pourrais prendre l’autobus, mais comme Lionel n’y a pas droit, papa va t’accompagner au pavillon A, puis il nous rejoindra, les garçons et moi, au pavillon B.

AGATHE. — C’est injuste. J’ai droit à l’autobus ; je veux prendre le bus !

MOI. — On n’a pas le temps de l’attendre parce qu’on doit amener Lionel à l’école.

LIONEL. — Pourquoi j’ai pas droit à l’autobus, moi ?

MOI. — Je ne sais pas. C’est comme ça pour la première journée des maternelles. Ce n’est pas grave, tu prendras l’autobus vendredi matin. Toi, Agathe, tu pourras le prendre tout de suite jeudi midi pour revenir. Lionel, j’irai te chercher.

AGATHE. — Pourquoi vous venez pas me chercher en même temps que Lionel ?

MOI. — Parce que Lionel finit à 10 h et toi à 11 h 18.

LIONEL (indigné). — J’ai juste deux heures d’école !

MOI. — Oui, mais seulement pour, attends… deux jours. Oui, c’est ça, à partir de mardi de la semaine prochaine, tu iras tout l’avant-midi.

AGATHE. — Et lundi ?

MOI. — C’est le congé de la fête du Travail.

LIONEL. — Pourquoi j’ai pas d’école toute la journée ?

MOI. — Parce que l’horaire habituel commence seulement mercredi d’après. Oups, les maternelles n’ont jamais d’école le mercredi après-midi. Donc, tu vas commencer l’école à temps plein jeudi, pas celui qui vient, mais celui d’ensuite.

Tu parles d’un agenda! Je me demande quand ils vont prendre LA photo de la rentrée.

MOI. — Agathe, si je comprends bien, tu vas aller à l’école juste l’avant-midi, jeudi et vendredi, mais tu iras aussi l’après-midi à partir de mardi.

AGATHE. — Est-ce que je vais prendre l’autobus tout le temps ?

MOI. — Bien sûr. Oh zut ! J’ai oublié le service de garde. Le lundi, le mardi et le vendredi, vous y mangerez pour que je puisse travailler. Ces jours-là, vous prendrez l’autobus seulement le matin et le soir. Les autres jours, vous le prendrez le midi aussi.

AGATHE. — Lionel a pas d’école le mercredi après-midi.

MOI. — Pourquoi tu dis ça ?

AGATHE. — Il retournera pas à l’école en autobus, le mercredi après-midi.

MOI. — C’est vrai, tu as raison ! Heureusement que tu es là ! Alors, Lionel, tu prendras l’autobus quatre fois par jour, seulement le jeudi. Toi, Agathe, ça sera le mercredi et le jeudi.

AGATHE. — On va pas au service de garde après l’école ?

MOI. — Non. C’est plus simple de vous faire revenir en autobus plutôt que d’aller vous chercher là-bas. Mais on va voir comment ça va se passer avec les devoirs.

LIONEL (plus que surpris). — Je vais avoir des devoirs ?

MOI. — Toi, je ne crois pas, mais Agathe c’est sûr.

LIONEL (qui ne comprend pas encore bien le concept du devoir). — C’est injuste. Moi aussi je veux des devoirs.

MOI. — Très bien. Ton devoir sera de vider les ustensiles du lave-vaisselle en arrivant de l’école.

LIONEL. — Meuhhhhh. C’est pas un devoir, ça.

MOI (ah ah !, j’ai gagné le point !). — Bon. Ça suffit, allez jouer dans le trafic.

Agathe et Lionel sont partis en courant et je me suis fait un autre café. Je dois refaire les calendriers en y ajoutant des petits autobus et des boîtes à lunch. J’ai un début de migraine.

Je vais débarrasser Anne de ce mal de tête et le transférer au psychopathe qui a conçu cet horaire.