À l'orée de la ville

Hier soir, ma fille est arrivée de l’école et m’a montré, pendant que je préparais le souper, le genre de coiffure qu’elle aimerait pour son bal des finissants. C’est l’année prochaine. Oui, je sais, c’est très tôt. Vous aurez sans doute droit à vingt articles sur la manière de survivre à cette soirée qui nécessite plus de préparation que le mariage de William et Kate. Elle voudrait un chignon bouclé un peu mou. Quelque chose comme ça :

Vous devez savoir que sur une échelle de 1 à 10, les cheveux de ma fille obtiennent un 12. Ils sont longs, épais et bouclés. Pas frisés tout croche, couettés ou vagués. Non : bouclés. Quant à la couleur, elle est si belle que j’ai déjà amené une photo à mon coiffeur en lui demandant de me faire une teinture comme ça. Pensant que j’avais produit la fille à partir de mes propres gênes, j’ai cru que ma requête était légitime. Il m’a répondu sans l’ombre d’un sourire :

— Oublie ça.

Mes cheveux ont aujourd’hui une couleur fade, poivre et sel.

J’ai regardé la photo qui suscitait tant d’admiration chez ma fille avec un air dubitatif. Elle m’a demandé :

— Tu n’aimes pas ça ?

— Bien sûr, mais c’est exactement ce que tu portes.

Ma fille était joliment fripée, comme un soir de semaine. L’école l’avait empêché de jouer dans ses cheveux pendant quelques heures. Elle s’est révoltée.

— Ben non, pas pantoute. Là, c’est plus organisé. Moi, ça ressemble à rien.

Devant l’impossibilité de la convaincre, j’ai attrapé son I-pod (après avoir essuyé mes mains avec mon tablier) et j’ai pris une photo.

En voyant la chose, elle a été obligée de me donner raison. Yabadabadou!

C’est avec son accord que je vous invite à me rejoindre dans le club des femmes-jalouses-à-mort-des-cheveux-de-cette-fille.