À l'orée de la ville

Chaque matin, mes enfants et moi allons à la rivière Montmorency qui borde notre bungalow. Il nous faut à peine cinq minutes pour descendre l’escalier de pierre et mettre nos orteils dans l’eau.

Je tombe souvent en pâmoison en regardant l’impressionnant barrage qui ressemble à une cascade de crème fouettée. Mes enfants me ramènent à la raison en me conseillant de regarder plutôt mes pieds.

Car le but de l’expédition est de ramener des roches à la maison. J’aime les roches, j’adore les roches. Je fais des presse-papiers en roches, des appuis-livres en roches, des bordures de plate-bande en roches, des bibelots en roches. J’aime presque autant les roches que le bois flotté. C’est tout dire.

J’ai des centaines de roches sur mon terrain et nous avons ramassé chacune d’elles. Vous ne me verrez jamais commander un char de roche à la quincaillerie. Les miennes viennent de la rivière, du fleuve, de Charlevoix, du Bas-du-Fleuve et de ma si chère Gaspésie.

Si j’aime autant les roches, c’est sans doute parce qu’elles me rappellent la plage de mon enfance. Même si je m’y écorchais les pieds, je courais, je faisais des barrages, je cherchais les pierres les plus jolies et j’essayais de faire des ricochets sur l’eau (je confirme que c’est impossible sur la mer). J’étais heureuse. Et je le suis encore quand je ramasse des roches avec mes enfants pour décorer notre bungalow.