Je viens de la Baie-des-Chaleurs et je suis nostalgique de ce coin de pays que j’ai quitté depuis longtemps. Je m’ennuie de la mer et de la montagne, du poisson frais, du tutoiement à toutes les sauces, des embruns salés, du vent et de l’accent.
L’accent est probablement la seule chose que je peux consommer dans mon bungalow à l’orée de la ville. Il me suffit de trouver un enregistrement, de fermer les yeux et hop, je suis de retour en Gaspésie.
Le premier sur ma liste à bonheur est Kevin Parent. Pas de diphtongaison ni d’affrication chez lui. En gros, il parle avec des petits « t » et des « i » pointus. « La critique » est un parfait exemple.
Quand j’ai su que les sœurs Boulay, qui viennent du même village que moi, sortaient un album, je me suis ruée dessus. J’aurais pleuré quand je les ai entendues diphtonguer comme des Montréalaises. Je vais passer mon tour pour m’abonner à leur fan-club.
Étonnamment, c’est avec le chiac du Nouveau-Brunswick que je recharge mes batteries à accent. On ne parle pas ce franglais coloré aux « r » roulant en Gaspésie, mais je l’aime d’une tendresse toute familiale. Je considère Lisa Leblanc comme une cousine que je n’aurais jamais rencontrée, mais qui porterait les mêmes robes cousues par notre grand-mère commune. Amis d’horizons lointains, regardez cette vidéo et associez-vous à notre catharsis collective en pardonnant le langage terriblement cru (ici, il réveille une passion digne d’un référendum). Ça fait du bien parfois de dire que l’empereur est nu, sans y mettre les formes.
Je suis aussi une fervente admiratrice de 1755. Cet ancien groupe acadien tire son nom de la Déportation des Acadiens qui a eu lieu cette année-là. Selon la tradition orale, mon ancêtre Leblanc avait senti le vent tourner et a préféré partir de son plein gré et venir s’installer au Cap Noir. Toute sa vie, mon grand-père Léo, qui détestait l’hiver, a reproché à son aïeul son manque de jugement. Pourquoi n’avait-il pas choisi de s’installer sous des cieux plus cléments?
Je vous présente leur chanson culte. C’est l’histoire d’un routier qui en a assez d’enfiler les kilomètres. Il décide de vendre son camion et de s’acheter un bateau sur lequel il continuera à placoter avec ses anciens amis, grâce à sa vieille radio. Je vous enlève la pression tout de suite : contrairement à moi, vous ne comprendrez rien, même avec les paroles.
J’tired de m’ouère promener sur les highways.
Ce qui signifie : je suis fatigué de me promener sur l’autoroute (« ouère » pour voir).
Jouissif!
Le chiac peut être très hermétique comme dans CB Buddy de 1755, mais il peut aussi être désopilant comme dans cette parodie d’Histoire de jouet. Mes enfants me la réclament sans arrêt et comme ça rentre pile-poil dans leur programme d’apprentissage de l’anglais, on la regarde très souvent. J’aime particulièrement la colère bilingue de Woody : J-O-U-E-T : Toy!
Vous ne me croirez pas, mais je ne suis jamais allée plus loin au Nouveau-Brunswick que Campbellton. Je pense que je viens de trouver une destination vacances à visiter de toute urgence.
Je reviens à cet article, car je me suis rendu compte que nous avons une histoire en comum: tu viens de la Baie-des-Chaleurs, je viens de la Baie de Saint-Marc; tu es née dans une ville fondée par les Français de l’autre côté de l’Atlantique, je suis né dans une ville (brésilienne!) fondée par les Français, au Sud de l’Atlantique; nous deux parlons français (hehehe)… Mais, les coïncidences géopolitiques (?) finissent par là: les Français ou leur héritage sont restés au Québec il y a quatre siècles; à São Luís, seulement trois ans, ça fait quatre siècles… En tout cas, nous partageons ces coïncidences-là!…
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Oh que c’est intéressant! Nous avons donc des liens communs qui sortent de ceux de l’amitié. Être liée à toi et à ton beau pays, ça me va parfaitement!
xxx
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Morte de rire sur Histoire de Toy! Mes enfants n’ont rien compris et moi… si peu! 😀
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Plus on l’écoute, plus on la rit. C’est le propre des grandes oeuvres humoristiques!
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vive le français dans toutes ses sonorités!
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Hmmm… Il faut dire que ce que j’identifie comme le québécois, c’est le français parlé par Julie… c’est-à-dire, le gaspésien! 🙂
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Merci! J’adore me faire dire que j’ai l’accent gaspésien. Ça m’arrive si peu souvent maintenant…
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J’adore connaître des nouveaux accents! Et je peux dire que je suis tombé amoreux de la parlure québécoise… même si mon français est plutôt européen… Je me souviens que, après ma première visite au Québec, je suis rentré au Brésil et je prononçais « cinq » à la québécoise – ce qui arrive jusqu’à maintenant. Le directeur de l’Alliance Française, où j’étudiais alors, m’a reproché « mais pourquoi cette prononciation tellement bizarre? »… Hehehe.
Les vidéos sont très bonnes: la première, je l’ai écouté très content (j’ai presque tout compris), mais pour les autres je me sentais comme dans les premières leçons de français… je n’ai presque rien compris!
Merci pour ce beau cadeau!
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