Le dernier message de ma petite sœur

Voici le dernier lâcher de nouvelles de ma petite sœur. La maladie n’a pas poussé son ultime soupir, mais l’arsenal thérapeutique ayant laissé la place à des thérapies plus nonchalantes, les percées seront moins spectaculaires.

Comme son message date un peu, j’ai l’immense bonheur de vous annoncer que, contre toute attente, l’hormonothérapie provoque moins d’inconfort que ce à quoi nous nous attendions. Vous sentez peut-être un vent souffler dans votre cou : ce sont les « oufs » de soulagement que nous poussons.

Quand tout sera fini, ma sœur veut faire tatouer un petit bateau sur la cicatrice qu’elle porte sur le sein. Une vraie idée de Gaspésienne ! Ça lui rappellera qu’il vaut toujours mieux naviguer avec le courant plutôt que se battre contre lui. On en ressort fier, grandi et… vivant.

Ma sœur est une capitaine merveilleuse. Elle traverse cette épreuve avec courage, humilité et élégance. Elle est un véritable modèle pour moi. Et pour vous aussi, peut-être.

Ami(e),

Voilà sans doute le dernier message-fleuve de ma traversée du cancer.
Pas que mon histoire soit finie, loin de là, mais les nouvelles vont se faire de plus en plus rares…
Et il faut bien passer à autre chose, n’est-ce pas ?
Depuis la dernière fois, j’ai eu mes traitements de radiothérapie.
Dix-neuf au total, échelonnés sur cinq semaines.
Ça impliquait d’aller tous les jours ouvrables à l’hôpital, de mettre une tite-jaquette, des tites-pantouffles, de me coucher sur une table et de laisser tourner des engins du futur autour de moi.
En apparence inoffensif, c’est un traitement rapide et indolore qui te laisse un beau bronzage et sept petits points de repère tatoués sur le torse pour la vie.
Ce que la médecine n’explique pas très bien, c’est que l’ensemble de l’opération est exténuant pour la majorité des gens.
Est-ce le résultat de l’accumulation de tous les traitements passés ?
Une perturbation du champ électromagnétique ou des chakras ?
Un signe de faiblesse des âmes sensibles ?
Difficile à dire !
En ce qui me concerne, j’ai vu l’énergie que j’avais tout juste regagnée après l’opération fondre à vue d’œil au fur et à mesure que les jours avançaient.
Le jour du dernier traitement — qui mettait un terme à l’opération bullzoder initialement prévue en septembre —, je suis allée dîner avec Jean-Seb au Monastère des Augustines pour fêter ça !
(Mon ami(e), va manger au Monastère des Augustines !!! Le plus souvent possible !!!)
Cinq heures plus tard, lors de la remise des Prix de Théâtre, le même Jean-Seb gagnait le prix Janine-Angers pour le rôle de soutien…
J’étais émue aux larmes !
C’est qu’il était fichtrement bon dans son rôle de soutien !
Mais la vie nous tricote de ces hasards remplis de sens…
Un prix pour un rôle de soutien après l’année que nous avons traversée !!!!
Non, mais, tsé…
Dans une version moins glamour, sans trophée ni chèque, avec un fond de redite, je profite de cette micro tribune pour lui décerner à mon tour un prix de rôle de soutien pour son appui, son écoute et sa patience avec moi tout au long de l’année.
Merci, Jean-Seb ! Merci !
Et tant qu’à y être, je partage le prix avec mes formidables enfants que j’adore, Marie et Émile.
Et ça continue…
Pour leur présence extrêmement significative, merci à ma sœur, Julie, à mon amie d’enfance, Julie, et à ma nouvelle amie, Julie ! (Oui, je sais, c’est pas croyable !!! Elles s’appellent toutes les trois Julie !)
Mille mercis à Isabelle qui a nourri ma famille pendant des mois !
Merci à mon frère Philippe et à sa blonde, Martine, à mon père, Yvon, et sa femme Maureen, à ma belle-mère, Ghislaine, à mon beau-père Réjean, à ma tante Francine…
Merci à Brigitte, Joëlle, Nadine, aux deux Nancy (Nancy et Nancy), Michelle, Sophie, Érika, Mélanie, Pascale, Marie-Hélène et toi, toi, oui, toi, mon ami(e) que je ne nomme pas, mais que j’aime tout autant… Tu m’as écrit, tu m’as fait un câlin, tu m’as demandé simplement comment j’allais, sans faire de chichis… Tes petites attentions, ton aide, ton support, ta compassion ont fait une vraie de vraie différence dans cette tempête !
Merci !
Merci !
Des milliers de bouquets de mercis !
Pour la suite, je suis encore liée à deux formes de traitements :
– L’immunothérapie que je recevrai encore pendant dix mois sous forme de perfusion. Même si ça se passe dans la salle de chimio, c’est, en réalité, une peccadille sans effet secondaire qui a le seul défaut de réquisitionner un après-midi aux trois semaines.
– Et l’hormonothérapie (une pilule tous les jours pendant cinq ans) qui consiste à stopper la production d’œstrogènes dans mon corps et qui, donc, provoque une ménopause carabinée !
Mmmmm….
Yé !
Chaleurs, sautes d’humeur, gain de poids… Les médecins ont été clairs ; les six prochains mois seront horribles…
Peut-être même les pires.
C’est ce qui arrive souvent.
Paraît…
OK.
Yé !
Si tu me croises et que je ne te parais pas très en forme, tu sauras pourquoi…
« Le corps s’habitue » qu’ils ont dit.
« La vie finit par reprendre son cours ! » qu’ils ont ajouté.
« Mais ce sera long ! Très long. »
Alors c’est comme ça ?
Alors, on se bat, on reste positive et, quand on pense que c’est fini, ça ne fait que commencer ???
« Exactement ! » qu’ils ont dit.
Bon !
Christi de marde !
Ce sera sans doute moins pire que ce qu’on m’annonce, mais puisque le pessimiste n’est jamais désagréablement surpris, je trouve un certain réconfort à me préparer au pire.
En attendant, je prends mon mal en patience — une tâche colossale pour moi, tu penses bien, toi qui me connais — mais la bonne nouvelle, c’est que je suis bien en vie !
Paraît même que j’ai 90 % de chances de le rester et de mourir de vieillesse à 110 ans.
Quand même…
Ça vaut donc la peine de tuffer les prochains six mois pis d’accepter les kilos en trop…
Je vais m’équiper d’éventails, de jolies tuniques avantageuses pis essayer d’épargner mon entourage…
Voilà ce que je voulais te dire, mon ami(e), avant de recommencer à publier, épisodiquement, des statuts moins personnels, moins longs pis essayer de te vendre mes shows.
Quand on va se croiser sur la rue, dans des salles de spectacle, dans des partys, on pourra parler de plein de choses (même de cancer !) pis ça va être super le fun !!!
D’ici là, je prendrai la parole aux CreativeMornings, le 23 juin prochain. Si t’as le goût de venir…
Le thème, c’est la survie !
La vie quand on a eu peur de la perdre.
Je vais raconter une partie de notre histoire, à toi pis moi…
Comment tu m’as aidée pis toute ça…Comment les méchants réseaux sociaux sont devenus, tout à coup, une partie de la solution…
Une belle histoire, quoi !
À bientôt, mon ami(e), dans un monde plein de légèreté.
Prends soin de toi.

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