Les anges sont vaniteux – chapitre 117

Lundi 9 mars

Je me suis levée avec le sourire aux lèvres. Quand tout le monde a été parti, j’ai poussé un grand « ouf » de soulagement. J’aime que ça bouge, mais je n’en pouvais plus que ça bouge autant. Le dessin me manque. J’attends des nouvelles du prochain contrat de Lumières.

Pour ne pas culpabiliser devant tout ce bonheur, je suis allée faire l’épicerie. Je terminais de tout ranger lorsque le téléphone a sonné. Dès que j’ai entendu la voix de James, j’ai su qu’il y avait une couille dans le potage.Mauvaise nouvelle

— Tu n’étais pas à la maison ?

— Non, je suis allée faire l’épicerie.

— Mes parents ont laissé un message à la maison et ils m’ont appelé au bureau.

Damned. Je ne regarde jamais le répondeur. J’ai récité une ébauche de prière pour que Grandpa Henry se porte bien.

J’ai bien entendu.

— Qu’est-ce qui se passe ?

— Rien, enfin oui, ils sont inquiets pour Peter.

— Hein ? Au point de téléphoner en plein jour ? Il ne va pas si mal compte tenu des circonstances.

Les circonstances étant que même si Sylvie s’est montrée calme lors de la séparation, elle n’est pas devenue saine d’esprit pour autant. Elle passe son temps à appeler à la maison à n’importe quelle heure. Elle m’a aussi écrit pour me demander de ramener Peter à la raison. Elle a dit qu’un grand amour comme le leur ne pouvait pas mourir. Elle a ajouté que le chagrin la tuerait s’il ne revenait pas.

Comme si Anne avait le temps de m’occuper de la folle en plus.La folle en plus!

Peter a promis de lui secouer les puces pour qu’elle arrête au moins de nous réveiller la nuit.

— Et puis, il n’est pas tout seul, ai-je ajouté. On prend soin de lui.

— Bien sûr, mais c’est leur bébé.

Voilà un truc qui m’insupporte. Je ne comprends pas comment des parents peuvent préférer un de leur enfant sous prétexte qu’il est le dernier. Je sais de quoi je parle, j’en ai trois. James s’est empressé de poursuivre avant que je lui dise ma façon de penser.

— Quoi qu’il en soit, ils ont décidé de monter.

— De monter…

Je faisais un effort de tous les diables pour ne pas comprendre.

Et quand Anne ne veut pas comprendre, elle ne VEUT pas comprendre.Veut pas comprendre

— À Québec. Chez nous.

— Ah, non James. Il n’en est pas question. Peter, c’est déjà beaucoup, mais s’il faut aussi que je m’occupe de toute ta famille, je vais y laisser ma peau.

— Ben non, ça va bien aller. Grandpa Henry va se faire garder chez mon oncle Wilfrid à New Richmond. Papa et maman viennent seuls.

Grandpa Henry est pourtant celui qu’Anne aimerait le plus voir !

James parlait au présent. Ça voulait dire que la convention était signée et que je n’avais plus qu’à la ratifier. J’ai prié mon père vivant de m’envoyer la force de garder mon calme.

Quelle exigence exorbitante ! J’ai dû en référer en haut.

Ça a marché, mais James devra m’offrir des vacances annuelles aux Maldives en guise de compensation.

— Ils arrivent quand ? ai-je demandé sans cacher ma mauvaise humeur.

— Demain. Mais ils vont manger en route, tu n’auras pas à t’occuper du souper.

Tu parles d’un argument poche. CR-K-T-SS.

FurieuseIls auraient au moins pu me prévenir plus tôt. Genre, avant que je fasse mon épicerie. Ou que je m’habille le cœur parce que je croyais que j’allais retrouver un semblant de vie contemplative propice à la création artistique.

Ce n’est pas que je n’aime pas mes beaux-parents, bien au contraire. Le problème, c’est que ce sont de vrais Gaspésiens : ils n’ont pas le sens de la mesure. Ils peuvent passer deux ans sans mettre le bout du nez à Québec, et ensuite ils débarquent pour trois semaines.

J’ai peur qu’ils collent encore plus longtemps cette fois-ci.

Et puis, où est-ce que je vais parquer tout ce monde ? Je ne vais quand même pas coucher Peter entre son papa et sa maman. On va carrément devoir s’empiler dans les garde-robes.Une nuit au camp

 


2 réflexions sur “Les anges sont vaniteux – chapitre 117

  1. « Je ne comprends pas comment des parents peuvent préférer un de leur enfant sous prétexte qu’il est le dernier ».

    Moi, par contre, je comprends très bien! C’est pourquoi nous sommes adorables, les cadets! Moi, je suis adorable… et surtout modeste! Héhéhé! 😄

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