À l'orée de la ville

Dimanche 25 janvier

Tout le monde est venu bruncher pour les 37 ans de James. Peter a fait enlever son plâtre hier et il sentait de nouveau le bon après-rasage. J’ai fait des bananes flambées au rhum. On s’entraîne pour nos vacances à Cuba.

Brigitte et Pascal sont partis tôt, mais Peter et Sylvie ont tellement collé, qu’il a fallu les inviter à souper. Sylvie était de mauvais poil. Elle a chialé sur tout et son contraire. Les politiciens sont pourris, les multinationales prennent le monde pour du steak haché, l’industrie de la mode est gérée par des homosexuels qui détestent le corps de la femme, et ainsi de suite, ad nauseam

J’avais peur qu’elle se lance dans une diatribe sur la religion. Je n’aurais pas accepté qu’elle s’en prenne à mon père. Papa est la bonté du monde et il ne mérite pas de se faire attaquer par une maudite folle. Depuis que Peter s’est confié à moi, je vois Sylvie d’un autre œil. Je dois dire que même si je ne l’ai jamais beaucoup aimée, j’étais portée à lui donner le bénéfice du doute, peut-être à cause de leur rencontre si romantique. Aujourd’hui, j’arrive à peine à cacher qu’elle me tombe royalement sur les nerfs. Elle n’est pas normale, cette fille. Elle passe du rire aux larmes à une vitesse folle et fait le chemin inverse tout aussi rapidement. Et c’est vrai qu’elle rit trop fort.

Moi non plus je ne l’aime pas. Quand elle est là, j’ai les plumes qui frisent. Je ne sais jamais si je devrai ramasser des pots cassés. Cette fois-ci, j’ai eu très peur qu’elle attaque Anne sur la religion, mais on est passé à côté du massacre. Anne se remet de son opération aux dents et de l’histoire avec Diolinda, elle a besoin de calme et d’amour.