Les anges sont vaniteux – chapitre 45

Vendredi 10 octobre

Je suis si fatiguée que j’ai du mal à entretenir ma fragile bonne humeur. James — Saint Homme — nous fait faire de l’insomnie. Et quand je dis « nous », ce n’est pas une erreur de syntaxe. Il recommence à travailler tous les soirs et ça l’excite tellement qu’il passe la nuit à se relever dix fois, à grignoter, à perdre son temps sur Internet. Il déplace de l’air comme si son but était de me réveiller.

Ce matin, c’est l’odeur de son shampooing qui m’a tirée du sommeil à 6 h 15. Il a fait une toast aux enfants pendant que j’envisageais la spatule à œuf pour me décoller du lit. Le temps que j’arrive dans la cuisine, j’avais un bec sur le front et la porte claquait.

Hors du lit

Anne a toujours souffert des absences de James. Pour se consoler, elle se dit que son mari fait preuve d’une ambition séduisante en s’investissant avec une si belle énergie dans son travail. Mais depuis quelque temps, elle constate que James devient ennuyant : avec ses piles de dossiers, son ordinateur portable et son téléphone, il fait « monsieur ». Il passe ses journées en réunion, traîne l’odeur des soucis dans son sillage et n’a plus le cœur à rire. L’homme passionné de jeux vidéo qui voulait devenir le prochain Bill Gates l’est devenu. Le rêve a déserté sa vie.

La cravate de James

Quand Anne lui parle de son inquiétude, James lui répond de ne pas s’en faire parce que la crise n’est que passagère. Il se lance ensuite dans l’énumération des problèmes qu’il doit régler au bureau. Anne hésite entre lui couper la parole pour lui dire que c’est le pire moyen de la rassurer, ou bien l’écouter avec bienveillance dans l’espoir que les choses s’arrangent d’elles-mêmes.

Pour le moment, je propose la patience. On va donner la chance au coureur. Il sera toujours temps d’agir si on voit que les mauvaises habitudes s’incrustent.


3 réflexions sur “Les anges sont vaniteux – chapitre 45

  1. Comme on dirait au Brésil, au moins ici au nord-est, « ce dont elle a besoin c’est d’un tas de linge à laver! »; c’est à dire, elle a besoin de se préoccuper à des choses plus importantes!

    Mais, à part cette blague, chez nous c’était pas trop différent: mon père travaillait toujours dans une autre ville et ma mère élevait les (six) enfants pratiquement seule… D’autres temps… qui parfois se répètent…

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