À l'orée de la ville

Vendredi 3 octobre

Journée verger avec la classe de Lionel. C’était ma première sortie en tant que maman-accompagnatrice. La journée s’est passée en explications joyeuses sur le monde merveilleux de la pomme. On a chanté pendant quatre heures « Pomme de reinette et pomme d’api ». Lionel est revenu enchanté, et je suis maintenant incollable sur le sujet pomme.

Anne se réjouit d’un avenir constitué de sorties à l’aquarium, au musée et au théâtre. Le moment angoissant où ses enfants n’auront plus besoin de leur mère viendra bien assez vite, croit-elle.

Elle s’inquiète pour rien. Ce jour-là n’arrive évidemment jamais.

Agathe a été rétrogradée au dernier rang de la classe parce qu’elle est trop sage. Elle ressemble tellement à son père. Moi qui étais la reine des bavardes, j’étais abonnée aux premières places et ça me mortifiait. J’ai expliqué tout ça à Agathe, mais ça l’a encore plus dégoûtée parce que, comble de malheur, la maîtresse l’a assise avec Vincent qui a déjà eu deux crochets ROUGES. Elle est désespérée et ne comprend pas qu’un malcommode soit derrière.

Moi non plus, d’ailleurs.

Raoul a du mal avec sa petite voix intérieure. Mercredi, il a eu un nuage noir dans son carnet de vie et hier soir, il a léché un miroir au magasin pendant que je choisissais des chaussures pour Agathe. Je ne comprends pas ce qui lui arrive. De mes trois enfants, c’est lui qui a l’humeur la plus égale. Il sort toujours du lit avec le sourire aux lèvres, ce qui est loin d’être le cas de Lionel qui, lui, se lève invariablement grognon. Agathe, elle, est une vraie pipelette le matin.

Le fait d’avoir gardé le silence toute la nuit provoquerait-il un déficit qu’elle devrait combler au plus vite ?