À l'orée de la ville

Les Français qui imitent l’accent québécois ne me font jamais rire. Ils ont un registre qui les empêche de produire nos tonalités et du coup ça ne ressemble à rien. Peut-être vaguement à une langue milieu-de-l’Atlantique parlée par quelques phoques.

J’ai donc été médusée quand j’ai entendu Gad Elmaleh faire le Québécois. Il m’a cueillie. Elmaleh a le don de modifier la position de ses cordes vocales pour placer sa voix comme nous.

Des recherches m’ont appris qu’il avait vécu au Québec ce qui explique un peu les choses, mais pas complètement. Vivre ici n’est pas suffisant, comme nous le rappellent tous les jours les nombreux Français qui ont immigré. Mon mari alsacien est le parfait exemple. Bien qu’il vive à Québec depuis des lunes, il ne connaît qu’une seule phrase en québécois :

Présentement, quelle santé.

Oui, ça ne veut rien dire, ça ne sert à rien et lui-même ne sait pas où il a pu pêcher une telle ânerie.

Patrick Bruel mérite aussi une bonne note. Son imitation n’est pas parfaite, mais il se débrouille assez bien. Et comme il vient souvent au pays, il comprend notre sensibilité, ce qui est loin d’être un acquis. J’ai déjà vu Bernard Pivot peiner sur le mot débarbouillette …

Voici pourquoi j’ai tellement ri quand j’ai vu cet extrait de radio. Bruel reprend ses chansons avec des paroles québécoises. Je ne sais pas si vous, amis européens, comprendrez quelque chose, mais le rire des animateurs vous montrera à quel point c’est drôle. En cas de doute, écrivez-moi et je traduirai!