La chanson douce de ma fille

Pour fêter le début de mes vacances de Noël, je m’offre une bulle de fierté maternelle. Que ceux qui détestent les photos d’enfants aimantés sur le frigo passent leur chemin.

Il y a un an, ma fille avait une appréciation de lecture à faire. Le thème était flou   :  «Prouvez que vous avez lu La grammaire est une chanson douce». Son auteur, Érik Orsenna, est un académicien français (pour les potineux français qui me lisent, il est le conjoint de Sophie Davant, ce qui n’apporte absolument rien à mon propos). Dans ce conte, deux enfants échouent sur l’île des mots. Orsenna a écrit ce conte pour protester contre l’enseignement traditionnel de la grammaire qui n’arrive, selon lui, qu’à dégoûter les enfants de la langue française.

Erik Orsenna

Ma fille a choisi de faire un pastiche de l’histoire en se mettant à la place DU mot de saison, à savoir Noël. Avouez que cette idée à elle seule est géniale! C’est avec sa permission que je recopie son texte sans aucune correction.

Quand je pense qu’elle a écrit ça toute seule à 13 ans, un seul mot me monte aux lèvres : waou!

joyeux Noël

Impression de lecture

Dans le livre La grammaire est une chanson douce, les mots sont des personnages : ils ont des sentiments, ils travaillent, ils se marient. Bref, ils vivent au quotidien. Je me suis imaginé quelle serait ma vie si j’étais moi aussi un mot. Lequel serais-je? Qui seraient mes amis et ma famille, quelle serait mon histoire amoureuse et quel serait mon rôle dans la société des humains?

Dans ce monde imaginaire, je porte le joli nom de Noël et mes parents sont Pâques et Halloween. Nous formons la très grande famille des mots de fête. Mes meilleurs amis sont galette, cadeau et sapin. Quand nous sommes réunis, nous avons le pouvoir de mettre de la magie dans le cœur des Hommes. Par exemple, un sapin évoque la forêt, mais dès que je me colle sur lui, les yeux des enfants s’illuminent.

Je me suis mariée plusieurs fois, mais ça n’a pas super bien marché. Mon premier mari s’appelait Triste, mais il était tellement déprimant que je l’ai quitté deux jours plus tard. Je me suis ensuite mariée avec Émouvant et Ponctuel. Ils étaient gentils, mais il manquait de magie entre nous. Puis, mon âme sœur est arrivée. Il s’appelle Joyeux et nous sommes devenus inséparables. C’est le compagnon idéal : il est tout le temps de bonne humeur. Ça fait plus de cent ans que nous nous sommes mariés et je l’aime toujours comme au premier jour.

J’aime beaucoup mon rôle chez les humains. Comme tous les mots de la famille de la fête, je suis très utilisée, surtout au mois de décembre. Mon rôle est plutôt joyeux et on me colle souvent à d’autres mots parfois étonnants comme canne ou bas pour changer complètement leur sens. J’aide aussi les enfants à apprendre le tréma. Ils ont parfois de la misère à faire mes deux petits points, mais je leur pardonne parce qu’ils s’appliquent vraiment.

J’ai beaucoup aimé lire La grammaire est une chanson douce parce que l’auteur laisse une grande place à l’imagination. Mais j’ai encore plus aimé faire ce travail et me mettre dans la peau du mot Noël. Et vous, si vous étiez un mot, lequel seriez-vous?

boule de Noël


17 réflexions sur “La chanson douce de ma fille

  1. Ce texte d’une ‘jeune demoiselle’ de 13 ans… c’est comme les bulles d’une flûte de champagne dans le mois de décembre: pétillant, frais! Cécile aime les mots, ça n’étonnera personne…

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  2. Je te dis la même chose que je t’avais dit quand tu m’a montré ce texte la première fois: la pomme ne tombe jamais loin du pommier!

    Si j’allais répondre à la proposition de la professeure («Prouvez que vous avez lu La grammaire est une chanson douce»), je dirais: « Je l’ai lu! Je le jure! »

    Quel mot serais-je? Hmm, je vais y penser! 🙂

    Bravo, C., ma belle!

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